Entre 1995 et 1996, alors que la drum and bass reste très marginale en France et essentiellement cantonnée aux raves et à certains clubs londoniens, Buzz Bomb surgit depuis Monaco avec le titre Disturbance In The Area, d’abord publié sur la compilation Mo’ DJ’s Under A Groove #1 (What’s Up Mix-It / PIAS).

Ni copie londonienne ni exercice de style : breakbeats tendus, basses vibrantes, atmosphères ambient — une écriture personnelle qui dialogue avec les racines britanniques sans les imiter.

En février 1996 paraît le mini-album Disturbance In The Area, la première parution française du genre à dépasser le simple format maxi. La critique s’enthousiasme : Coda évoque « la néo-jungle monégasque » et souligne que Buzz Bomb ne copie pas Londres mais trace son propre sillon. Libération parle d’un « éclectisme rare », tandis que Les Inrockuptibles remarquent qu’à 160 BPM, la mélodie reste intacte et structurée. Keyboards et Nova Mag insistent sur l’architecture sonore : hi-hats précis, micro-cascades de percussions, distorsion maîtrisée — un voyage pensé autant pour le dancefloor que pour l’écoute au casque.

Le décor compte. Le label indépendant What’s Up Mix-It est né de la rencontre entre le What’s Up Bar — premier bar à DJ’s de Paris au début des années 90 — et le studio d’enregistrement Mix-It. L’ensemble forme un triangle magnétique où se mêlent DJ’s, compilations et premières secousses d’une French Touch encore embryonnaire (expression qui deviendra rapidement un slogan marketing aussi creux qu’insistant).

Trente ans plus tard, Disturbance In The Area conserve son statut de pionnier : un équilibre entre pulsation club et écoute détaillée, inscrit dans l’histoire de la drum and bass française et son dialogue durable avec l’héritage britannique.

Disturbance In The Area retrouve alors une nouvelle vie : la version remasterisée par BENJ est publiée sur l’ensemble des plateformes musicales (Digital Service Provider).

La discographie sonore se poursuit dans le player : extraits d’Urban Trip, premier LP de Buzz Bomb, ainsi que remixes et projets parallèles (Ladbroke, Da Monikeerz).